Belgique - Cap Nord suite 8

 LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022


J9 Kapp (Nor) – Kapp 12/01/2022
Les jeunes enfants ne connaissent pas la grasse matinée et le petit Gustav, leur fils de 4 ans qui logeait quelques jours chez sa grand-mère, ne fait pas exception ; dès 8h, j’entends des pas légers et plus lourds (ma chambre est au sous-sol) qui font des va-et vient. Chouette, je vais pouvoir me lever plus tôt que les derniers jours car on a du pain sur la planche !
Quelle n’est pas ma surprise en trouvant sur la table du petit-déjeuner, mon séparateur monté, roulements et axe sont en place. Dessous, un mot de Tormod.
Ne pouvant trouver le sommeil, il est retourné à l’atelier et a repris le montage à zéro.
Ce me semble impeccable ; l’axe tourne bien, pas d’accroc, pas de jeu, rien à redire. Pendant que je lis son mot et découvre le séparateur monté, sa femme m’explique qu’il s’est levé à 4 h du matin pour ce faire !! Sacré Tormod, quel gars incroyable !
Je prends un café avec moi, et file à l’atelier car il y a encore du travail pour terminer le montage de la pièce et puis, tout remonter.
Vers 10h, il s’est levé, a préparé des croque-monsieur et me hèle pour que l’on mange.
Il est un peu crevé, mais heureux, je le vois ; je le remercie, bien sûr, et il me raconte comment il s’y est pris, tout en douceur, prenant son temps pour s’assurer que les pièces rentrent dans l’axe.
Vers 15h, j’ai fini de tout remonter, donne le coup de démarreur salvateur, puis enfile les habits idoines et m’en vais rouler une dizaine de km en guise de test.
Tout est bien ! Je vais pouvoir reprendre ma route vers le Nord dès demain matin.
Mon hôte n’a pas fini de me sur prendre.
Alors, que je rentre le side dans le garage et contrôle le niveau d’huile ( (1) pour les non-mécaniciens/ennes), j’entends un bruit de moteur diesel à l’extérieur. C’est mon Tormod sortant son tracto-pelle !!?? Je m’approche et lui demande s’il veut de l’aide, ce qu’il accepte. Il veut vider sa remorque deux essieux garée plus bas – pour atteindre la maison, il faut en passer par une belle grimpette – chargée d’un moteur, d’une boîte de vitesse, de transfert, enfin de tout un attirail de pièces pour son tank ; il y en a pour une tonne, facile. Il pensait pouvoir monter en tractant avec son Pajero, mais il fut arrêté dans sa tentative à mi-pente. J’avais à peine remarqué cette remorque, coincée sur le côté et figée dans 40 cm de neige.
Ce ne fut pas facile, mais il a du bon matériel et sait s’en servir ; au bout d’une bonne heure, toutes les pièces sont rangées sur palette et remisées dans un de ses trois garages et la remorque sortie de sa gangue glacée.
On se boit un thé et je lui propose de descendre en ville acheter une bouteille de champagne pour fêter la réussite de Nopi, sa femme à ses examens.
Elle en sera très heureuse et il me dit de prendre sa voiture. Je préfère que l’on s’y rende à deux – j’avais dans l’esprit de lui acheter une bouteille à lui aussi – et c’est alors qu’il m’explique qu’il ne peut conduire l’après-midi car les médocs qu’il prend sont trop forts.
J’ai de la tendresse pour cet homme.
En route pour nos emplettes; elle préfère du demi-sec, nous prenons un Proseco, il choisit une bouteille de vin rouge pour lui et avant de rentrer, nous rendons visite à son ami – d’enfance ai-je appris – qui tient le garage moto et m’avait adressé à lui.
Toujours aussi sympathique cet homme-là, on évoque la suite de mon voyage et nous nous penchons sur Google Maps pour qu’ils me renseignent des beaux coins.
Rentrés, madame est, en effet, ravie de son Proseco, Tormod ouvre le Nero d’Avola et nous dînons.
Sorti de table, je retourne dans l’atelier pour recharger le side de tout mon matériel ; je n’en ai pas encore utilisé le tiers, c’est un peu ridicule. Je transporte même des buches et du petit bois !
Souriez, moquez-vous ! l’expérience m’a montré qu’on est bien content d’avoir du bois sec pour allumer le premier feu quand on a fini de monter la tente et qu’il fait nuit déjà !
Tormod a consulté la météo et m’annonce que les deux prochains jours seront pénibles ; pluies intenses et fort vent avec une température positive de 3 à 6 °.
Il me déconseille vivement de prendre la route des montagnes car le vent y est plus fort, et cartes déployées, nous traçons deux alternatives d’itinéraires ; il ne manque pas de m’indiquer les endroits où il a des amis…en cas de pépins.
La météo est bizarre, me dit-il ; de telles températures sont tout à fait anormales, de l’ordre de 15 degrés au-dessus de la moyenne à cette époque de l’année.
On s’offre un dernier Whisky et je rejoins mes pénates ; demain, je respecterai son sommeil et l’on se donne rendez-vous à 9h.
La route reprend ; j’aurai connu des emmerdes, mais aussi et surtout, j’aurai rencontré un homme charmant, serviable, attentionné et sa petite famille tout aussi sympathique.
Bien sûr, nous nous sommes échangés numéros de téléphone, adresse e-mail et postale ; il est obligé, contraint de venir loger chez moi lorsqu’il se rendra à Ciney où, parait-il, se trouve un surplus militaire spécialisé dans les engins lourds comme le sien (18 tonnes, quand même).
Demain : on the road again !
(1) Ayant changé aussi le filtre à huile, 200cc d’huile environ, y resteront, entraînant de ce fait, une baisse de niveau dans le carter qu’il est bon de corriger.

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