Belgique - Cap Nord suite 5

LLN – Cap Nord départ : 04/01/2022

J 6 Nes I Adal (Nor) – Gjovik (Nor) 09/01/2022
Ce fut une dure journée.
La question de savoir si je devais trouver un atelier pour résoudre mes fuites – décanteur de reniflard et entre séparateur et alternateur – n’a cessé de me turlupiner depuis hier.
Je petit-déjeune, mais n’ai pas d’appétit, ce qui est rare le matin. Faut dire que ce que l’on m’a préparé hier n’est pas folichon (voir photo) ; une fois de plus, je suis tombé à un endroit où l’on n’ouvre pas les cuisine avant 11h du matin.
Dan me donnera son avis dans la matinée, mais ayant retourné la question dans tous les sens, je me décide à continuer ainsi vers le Nord quitte à surveiller de près mon niveau d’huile moteur, et à 9h, je m’équipe et charge le side après les contrôles d’usage. Je réglerai ces soucis à Tromso.
Dan me conseillera la même option.
Il est tombé 4-5 cm de neige encore et la combinaison neige sur glace se montre sans pitié, c’est la glissade permanente et je dois être très concentré sur ces petites routes légèrement convexes. Je ne peux me permettre la moindre distraction, genre jeter un œil sur mon GPS si je n’ai pas une longue ligne droite devant moi, sinon « bardaf, c’est l’embardée »( (1) pour les non-belges). Je suis en léger dérapage tout le temps.
Si lorsque la route s’élargit un peu, j’y trouve un certain plaisir, cela devient plus stressant dès qu’elle se réduit à « une voiture et demi ». Je n’ai croisé qu’un seul camion et ce fut chaud.
Dommage car le spectacle autour de moi est ravissant ; je m’arrêterai même pour prendre deux, trois photos ; avec un meilleur appareil, les contrastes eussent mieux paru.
Je longe encore des lacs – je pense qu’il y a plus de surface d’eau en Norvège que de terre – et toujours ce contraste entre des lacs gelés et un peu plus loin en eaux libres. Je suppose que cela provient d’une différence de profondeur, donc de volume, donc d’inertie. Je ne vois pas d’autres explications, la Norvège n’étant pas connue pour ses sources chaudes ; ça, c’est plutôt en Islande.
Première..déconvenue, dirai-je : j’ai rentré Trondheim dans le GPS, coché dans « contournement » les autoroutes et les routes payantes. 506 km m’en séparent. Je glisse, dérape, mais j’avance, croyais-je.
Je longe un lac sur ma gauche depuis un moment et je vois que mon GPS indique que je dois prendre à gauche dans 650 m ; tenez, tenez, tenez ? je ne vois pourtant pas de pont, ce qui se confirme au plus j’approche. Ils n’ont quand même pas creusé un tunnel ? Héé, non, je tombe devant un em-bar-ca-dère !
Sauf qu’il y a un joli panneau jaune et orange dont, si je ne comprends pas le raffinement du texte, je saisis la signification ; pas de bac !
Une volée de jurons que ma mère m’eut interdit de répéter ici, fait trembler ma visière !
Je retourne dans la rubrique « contournement » et coche ce P….N de ferry ! Je repars longeant le lac et avance lentement en attendant que le GPS recalcule la route. Ca dure, ça dure, j’avance, j’avance. Jusqu’au moment où je perçois à nouveau le ruban coloré. Je ne prête pas tout de suite attention à cette nouvelle route, j’ai du temps à rattraper. Erreur, gamin !
Après une dizaine de km’s, je vois que je file plein Sud…plein Sud ?! Mais, c’est au Nord que je dois me diriger. De plus, je vois qu’il m’indique une distance à parcourir de 802 Km ??!!
Ce n’est pas possible ; ok, il y a des grands lacs, mais de là à me faire faire un détour de 300 bornes… .
Je m’arrête une fois encore, annule la route et reprends la configuration à zéro. Voilà qui est plus raisonnable, je retrouve une distance de 560 km et dans le sens opposé, vers le Nord donc.
Cette petite blague m’aura fait perdre une heure de demi.
Pas moyen de dépasser les 45 – 50 km/h, c’est trop casse-pipe ; à cette vitesse-là, j’en ai pour deux jours.
Mais bon, je me calme et poursuis mon petit bonhomme de chemin à vitesse adaptée aux circonstances. Le moteur ronronne, a de la reprise dans les côtes, tout va bien.
100 km plus loin, j’arrive à Gjovik, j’ai mal aux fesses et m’arrête pour faire le plein et boire un café ; il est 13h.
Pas question de perdre du temps à manger, une crasse chocolatée fera l’affaire.
Le café bu, je veux redémarrer et iiik, le démarreur ne peut faire son office ; je sens que quelque chose bloque. J’essaie au kick, pas moyen de le faire descendre. Je mets en 2e, pousse embrayé en avant, en arrière, réessaye, mais iiik et…rien. Je vérifie le câble d’embrayage, c’est bon. Je devine qu’il y a un souci avec l’embrayage, mais je ne l’identifie pas d’autant qu’il est quasi neuf.
Je vous passe des épisodes, mais Dan me donnera une explication (notez que l’on est un dimanche et que Dan répond présent) de ce qui se passe qui me semble coller tout à fait avec les symptômes. Entretemps, j’ai garé/emballé mon side à la station, et rejoint un hôtel en taxi, car on est dimanche.
Le taximan, bien sympathique, passionné de voiture et de mécanique, taille la bavette, et me donne les coordonnées d’un garage moto que j’appellerai dès demain matin.
Deuxième déconvenue.
En rangeant mes affaires, je m’aperçois qu’il me manque le sac de réservoir ; j’ai dû l’oublier à la réception…ou dans le taxi. Renseignement pris auprès des deux intervenants, je dois conclure que je l’ai laissé sur la moto… re-taxi aller/retour.
Troisième déconvenue.
Fin d’après-midi, je me dis que je m’offrirais bien, enfin !, un bon repas ; las, en bas, le resto de l’hôtel est fermé car on est dimanche. ! On commence à le savoir qu’on est dimanche !!
Je finirai dans une pizzeria tenue par des turcs à avaler une calzone accompagnée d’une eau, car ils n’ont pas de bière, ni de vin. Bon, ce sont des musulmans, donc cela se comprend.
Je rentre à l’hôtel et me dirige vers le bar pour m’offrir quelque breuvage houblonné.
Ben, re-non, car me dit la jeune barmaid, depuis 2021, la vente de toute boisson alcoolisée est interdite en Norvège pour tout l’Horeca ! Il faut en acheter en privé dans les grandes surfaces pour la bière et le vin, dans les magasins d’Etat pour l’alcool.
Donnez-moi une eau, svp. J’irai la siroter dans ma chambre ; pfff, quelle journée !
Demain est un autre jour ; je prendrai contact avec ce garage moto et je veux croire que je pourrai résoudre mon souci.

(1) « bardaf, c’est l’embardée », vient d’une émission montée et présentée par le regretté Manu Thoreau, qui parodiait une émission télé de Sécurité routière. C’était assez drôle et quelques-unes de ses conclusions sont restées dans le vocabulaire des Belges, dont celle-là.

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