Belgique - Cap Nord suite 6

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J7 Gjovik (Nor) – Kapp (Nor) 10/01/2022
Depuis 9h, je suis en communication avec GMS, le garage moto recommandé, et une heure plus tard, la nouvelle est qu’ils ne peuvent prendre mon side en charge, mais qu’ils cherchent une solution de rechange. J’attends donc.
Une amie me demandait hier si ce n’est pas pénible de rouler ainsi dans le froid.
Oui, parce que la moindre chose à faire demande de la volonté, de la discipline. Je dois m’habiller correctement, enfiler les couches dans un ordre précis, veiller à garder de la liberté de mouvement, rien ne doit être trop serré.
Je veille à ce que la cagoule ne fasse aucun faux pli qui à la longue gêne, voire fait mal ; les gants à enfiler soigneusement dans les manches de la combi, tout cela est fastidieux, mais nécessaire.
Monter sur la moto, est une procédure : être complètement équipé d’abord ; avant de mettre les gants, avoir inséré la clé de contact, mettre les deux coupe-circuits sur ON, fixer le GPS, brancher le casque à la prise pour visière chauffante.
Le nombre de fois où je dois retirer mes gants, voire mon casque parce que j’ai oublié une de ces actions, n’est plus à compter ! Avec les jurons qui accompagnent !
Le plus fréquent, c’est l’oubli de la clé de contact dans une poche alors que tout le reste est prêt… .
Pas question de transpirer non plus, l’humidité étant l’ennemi absolu par temps froid ; il faut dès que j’ai trop chaud, que j’enlève une couche, quitte à devoir la remettre une heure plus tard.
Non, parce que le panorama en hiver est époustouflant ; si je devais fixer tout ce que je vois de superbe, je devrais m’arrêter tous les deux cents mètres. Les décors qu’offrent la nature en hiver m’ont toujours passionné tant ils sont divers, alors que l’on est devant deux non-couleurs, le blanc et le noir. Mais, il y a tant de nuances de noir, de blanc. Ce n’est pas Soulages qui dira le contraire, en ce qui concerne le noir.
Je suis impatient d’être à Tromso afin de pouvoir me promener à pied, moyen qui reste à mes yeux, le meilleur pour voyager, tous les sens étant disponibles pour la découverte, pour s’imprégner de ce que l’on rencontre.
Pourquoi le side, alors ? Parce que sur de telles distances, je ne suis pas sûr que mes articulations me porteraient encore. Une fois de plus, il faut choisir le compromis le plus adapté à ses priorités.
Je répondais à un ami qui me lit, que je ne voyais pas l’intérêt de montrer ma personne sur les photos ; ce à quoi, il répondit que c’est pour voir l’évolution de la déconfiture de celle-ci au fil des jours ! Le salaaauuud !
Sacré Marcial, ce n’est pas le respect dû aux aînés qui l’étouffe, ce gamin de six mois mon cadet !
Il est 13h et le gars de GMS me téléphone pour me dire qu’il sera devant l’hôtel dans 10 min.
Il est venu avec sa camionnette et un collègue; à trois, on tente de rentrer le side dedans mais ses passages de roues empêchent le cylindre droit de rentrer ; ok, il faut un autre véhicule. Il appelle un pote qui travaille pour la société Viking et qui promet de venir avec un plateau. GMS s’en va refusant que je le dédommage pour ses services ; quand même, où trouve-t-on encore des gars qui ne me connaissent ni d’Eve, ni d’Adam, viennent à deux en camionnette, me trouve une solution de rechange et ne veulent pas qu’on les dédommage !!?? Vers 14H, le plateau arrive et on charge sans souci.
Direction l’ami du patron de GMS, un certain Tromod qui habite à 30 km, à Kapp.
Pour arriver chez lui, la pente est raide et enneigée ; le plateau doit s’équiper de chaînes. Vite fait, bien fait, on voit qu’il a l’habitude.
Tromod est sur le pas de sa porte, aide à décharger, me présente sa femme et me dit de prendre sa voiture pour aller chercher mes affaires à l’hôtel car je dois loger chez lui… quelle hospitalité, quelle gentillesse !
Il s’y connait en mécanique, il restaure des …tanks ! Pas des modèles réduits, des tanks ! Son garage est bien équipé, un tour, une foreuse sur pied, un pont pour sidecar ( !!) et du chauffage ! Il chauffe à 22°, mazette, je n’ai jamais connu ça en hiver !
A peine le side rentré, on dîne. Tôt. Sa femme est charmante, elle étudie à mi-temps pour être aide-soignante et travaille l’autre mi-temps ; une fois la conversation lancée, elle ne tarit plus. Demain, elle passe son examen final.
Ils m’ont préparé une chambre. Je n’en reviens pas d’une telle hospitalité.
Après, ces préambules, je m’attaque à la mécanique et suis les recommandations de Daniel.
D’abord, le démarreur : tout est bien, les vis du volant moteur n’ont pas bougé.
Au tour de l’alternateur et du séparateur ; démontés, la cause du blocage est trouvée : un des deux roulements dans le séparateur est mort, détruit et le joint spi déchiré ; pas moyen de faire tourner l’axe à la main.
Il me faut encore une demi-heure pour démonter toutes ces pièces et les nettoyer.
Demain, on ira acheter des pièces neuves et je pourrai tout remonter ; j’en profiterai pour résoudre la fuite du décanteur par la même occasion, et ferai mes vidanges moteur, boîte et pont.
J’avais acheté une bouteille de Whisky Laphroaig 20 ans d’âge sur le ferry et je la lui offre ; je peux vous assurer que ce fut très bien reçu et goûté sur le champ ! Bon, ce n’est pas très poli de le laisser boire seul, alors il a bien fallu que je l’accompagne… .
A l’heure de me coucher, je n’en reviens pas de tous ces gens pour qui je suis un complet inconnu qui se sont coupés en quatre pour me venir en aide ; ils savent juste que je m’appelle Pierre, que je viens de Belgique et que je souhaite me rendre à Tromso.
Comme quoi, une mouise peut mener à des rencontres exceptionnelles ! Je n’oublierai pas.

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