Belgique - Cap Nord suite 7

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J8 Kapp (Nor) - Kapp 11/01/2022
A la question de savoir à quelle heure il souhaitait que je sois levé, Tormod me répondit 9h.
Je le regardai bien en face, suspectant un trait d’humour, mais… non ; il était sérieux.
Tormod a été victime d’un grave accident de moto qui lui a abîmé la jambe gauche ; celle-ci lui cause des douleurs intenses le contraignant à ingurgiter force médicaments qui influent sur son endurance. Il doit régulièrement durant la journée, prendre le temps de faire un somme.
Le 9h deviendra 9h30’, et cela fait un moment que je tourne en rond ; nous devons aller acheter les roulements et le joint spi. Sans ces pièces, nous ne pouvons avancer.
Tormod ne fait pas les choses à moitié. A propos de moitié, sa femme se dépêche d’avaler un bol de pâtes, car elle passe, ce matin, ses derniers examens d’aide-soignante, qu’elle réussira haut la main, comme nous l’apprendrons début d’après-midi.
Tormod nous prépare du lard, des œufs, des toasts et du café.
Devant tant de gentillesse et de prévenance, je range mon impatience au placard et me joins à son rythme, prend plaisir à goûter ce copieux petit-déjeuner.
Hier soir, il s’est assuré que les pièces sont de stock, et il ne nous faut que le temps d’un aller/retour à Gjovik pour rentrer avec nos fournitures. Il est midi quand même.
Pendant qu’il usine des tubes en acier, et des joncs en cuivre, je fais mes trois vidanges, même celle du moteur qui n’a pas encore atteint les km nécessaires pour cette obligation, mais vu l’état du roulement, je suspecte qu’une partie des éclats de bille est tombée dans le carter ; et, en effet, le bouchon magnétique a fait son office car un petit paquet de scories s’y attache.
Juste avant le dîner de 18h, Tormod met les roulements au surgélateur et le séparateur au four.
Sa maman et son gamin qu’elle a gardé pendant les deux derniers jours, sont arrivés aussi.
Ceci pour dire qu’il n’est pas question de manger en vitesse ; si le dîner est fort bon, la conversation l’est autant. L’accueil de cette famille est vraiment touchant. Une maman qui fut motarde aussi ; elle passa son permis moto à l’âge de quarante ans et ne rangea son deux roues qu’à soixante révolu. Une bien sympathique personne.
Il sera 19h30’ avant que l’on se remette au travail ; Tormod préfère improviser un atelier dans la cuisine car c’est plus prêt du four et du surgélateur ; qu’objecter devant une telle évidence !?
Un peu de graisse, un jonc, une masse prennent place sur le plan de travail, et la mise en place des roulements se fait sans problème si ce n’est que la bague entre eux n’est pas bien centrée… .
Mais Tormod devant mon scepticisme se montre confiant, l’axe va centrer tout ça.
Je la fais courte, mais le résultat ne fut pas probant ; Tormod s’est entêté à vouloir rentrer l’axe à l’étau avec des tubes et des joncs pour entrer tout ça, mais cela n’a pas fonctionné et un des deux roulements ainsi que le bague du centre sont bons pour la poubelle.
En aucun cas, je ne veux jeter l’opprobre sur ce bon Tormod ; il est incroyablement serviable et bien intentionné, un peu têtu aussi, mais j’en connais d’autres, de têtus. Têtu, mais pas borné. On a tout redémonté et demain, on ira chez un de ces amis qui dispose d’une presse. J’avais été prévoyant et avais acheté tout en double.
Pour bien centrer les deux roulements et la bague – il en a fait une nouvelle -, il a mis deux heures sur son tour à usiner un jonc centreur en cuivre. Il veut que ce soit bien ; il y a eu un raté, soit, mais il met tout en œuvre pour se rattraper.
Durant ce temps, je serre des écrous, en vérifie d’autres, met un peu d’ordre dans ses outils ; faut dire que son atelier est dans un désordre indescriptible !
Je commence à connaître mon hôte ; il est un peu dépressif, son accident ayant mis un terme à ses années de voyage – il est allé sur tous les continents -, il se sent peu utile et remettre mon side en route lui tient à cœur et lui donne un but, bien concret, bien réel. L’état de son atelier témoigne de ce qu’il commence, puis laisse là.
Je lui ai dit qu’il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas d’erreur et que moi, j’aurais pu le dissuader à le tenter sans presse adéquate.
Il est 22H30’ quand on s’offre un Laphroaig tout en feuilletant un livre remarquablement illustré de « Jupiter » ; non, pas celui que nos amis français abhorrent ou suivent, mais cet anglais qui fit le tour du monde sur sa Triumph.

Allez, demain, mon Ural tournera à nouveau au son de ses deux gros poumons !

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