Belgique - Cap Nord suite 9

LLN – Cap Nord Départ : 04/01/2022

J10 Kapp (Nor) – Trondheim (Nor) 13/01/2022
Je suis éveillé depuis 6h30’, comme toujours ; j’ai des bornes à faire car je n’ai pas encore renoncé à rejoindre ma fille à Tromso avant son départ.
Mais, pas question de partir comme un voleur, je veux ce dernier petit-déjeuner avec Tormod, mon ami. J’attendrai 8h50’ pour déjà monter mes affaires et les ranger dans le side.
Gustav et sa mère sont debout, c’est elle qui cette fois, prépare le petit-déjeuner.
A 9h tapante, Tormod apparaît, nous rentrons du bois, puis mangeons ; il me donne les coordonnées d’un ami à Kristiansund, sur la route Atlantique, car vu la météo annoncée en montagne, il me déconseille de filer plein Nord.
Hier, en allant me coucher, j’ai vu de la lumière dans une pièce à côté de ma chambre et y ai jeté un coup d’œil ; mazette ! une splendide Bonneville, une T120, en parfait état et rutilante – de 1960, me dira-t-il – et une Buell.
En déjeunant, je lui dis que ce n’est pas bien de me cacher ses trésors ; il se marre un peu, et me dit qu’avant mon départ, il me montrera autre chose encore, puisque j’aime les « vieilleries » ; avant son accident, sa Bonneville était sa moto du quotidien.
Je m’équipe pour le départ, puis le suis vers un quatrième (!) garage en contrebas de la maison ; s’y trouve deux sidecar Nimbus (voir photos) de 1950, quatre cylindres longitudinaux, à arbre à cames en tête, et cardan ! Il y a de la poussière, mais elles sont en très bon état ; il a traversé les USA avec son frère sur ces machines.
Son rêve : acquérir une Zundapp KS 750.
Je sais que lorsqu’on se reverra, nous aurons encore quelques sujets de conversation !
Ce n’est pas que je m’ennuie, mais, là, je commence à trépigner intérieurement et les au revoir terminés, j’enjambe mon destrier et démarre enfin. Il est 10h30’.
Il fait grand beau, et 8 degrés au-dessus de zéro !! Quel contraste avec mon arrivée ; j’ai de la peine à croire que 100 km plus tard, la météo va fortement se dégrader.
Le side marche bien mais, comme au départ de LLN, je guette les « bruits », les à coups, les pertes de puissance…
La température excessive a fait fondre la neige quasi partout et je me retrouve avec mes spikes sur le bitume ; ce n’est vraiment pas l’idéal, ni pour les pneus, ni pour la tenue de route, aussi je décide de ne pas dépasser les 75 km/h.
Le soleil est dans mon dos, le ciel est magnifique, bleu teinté de rose, je longe le lac Mjosa qui s’étire sur plus de cent km (c’est le plus grand du pays) et peu atteindre 400 M de profondeur.
Je suis la vallée, au moins jusqu’à Otta (80 km de Kapp); ensuite, ça monte et, la météo l’annonce, le temps devrait se dégrader.
Au loin, je distingue des sommets enneigés et, en effet, de noirs nuages y plombent le paysage.
A Dombas, je devrai choisir : soit, je vire vers l’Ouest et la route Atlantique, si belle m’a dit Tormod, et rejoins un de ses amis à Kristiansund (Kapp – Kristiansund = 454 km), soit, je prends le risque de poursuivre plein Nord, direction Trondheim (Kapp – Trondheim= 391 km) qui me rapproche de ma fille.
Y arrivé, j’ai déjà parcouru 200 Km et la machine tourne fort bien. Pendant que je fais le plein, une superbe Coccinelle de 1961 tractant une jolie caravane toute en rondeur arrivent ; on cause « anciennes » - la mienne ne l’est pas tant, son modèle, si – avant que je ne m’offre un café accompagné de son désormais habituel «Snickers » ; j’aurai avalé plus de ces crasses en cinq jours que durant les vingt dernières années !!
Mais, je ne veux pas perdre de temps, alors basta.
Les premières gouttes lavent ma visière et la route monte. C’est le déluge et les rafales de vent qui m’accueillent sur les premiers contreforts ; la visibilité est faible, la route traversée par des torrents.
45 – 55 km/h, telle est ma vitesse durant l’heure que durera la montée ; je dois être très vigilant, car si quasi toute la neige a fondu, des vestiges de glace traînent leur langue informe ci et là, entrainant une embardée si ma roue les lèche.
Sur le plateau, l’ambiance est morne, le paysage teinté d’auburn relevé du vert tendre de quelques sapins épars. D’immenses marres se forment alimentées par la fonte.
Je ne croise personne et si ce n’était les stries noires d’une ligne électrique sur l’horizon, nulle trace de civilisation ici.
La pluie se mêle à la neige fondante dont je sens le poids des flocons frapper visière et combinaison.
Mais, dans ce mauvais temps, à l’instar de la chanson enfantine, mon « petit cheval » trottine sans moufter de son ronron régulier ; pour celui ou celle qui doute encore de sa capacité à affronter la pluie, voilà un beau démenti !
La température est tombée à 1°, et les trombes d’eau qui m’assaillent, ont tôt fait de refroidir l’air ambiant, sans que le froid ne devienne gênant cependant.
La descente se pare des mêmes conditions, si ce n’est que la nuit tombante perturbe un peu plus la visibilité.
Dans la vallée, vers 16h, à 80 km du but, j’hésite même à continuer car je ne vois même plus le bord de la route lorsque je croise un véhicule dont la lumière des phares s’irise dans les gouttes qui baignent ma visière. Ce sont encore des méandres et la peinture de la route n’est presque pas visible.
Par intermittence, les flocons se font plus dense et collent un moment sur la visière ; les conditions de visibilité sont vraiment mauvaises, voire dangereuses et je suis contraint de relâcher la poignée ; je ne dépasse plus les 50 Km/h.
Pourtant, ça commence « à sentir l’écurie » ; le panneau annonce 19 km pour atteindre mon étape du jour !!
Je suis bien content ! de la performance de ma machine d’abord – et plus rien ne fuit -, de ne pas avoir renoncé ensuite.
Si demain, en partant tôt cette fois, je peux couvrir 640 km jusqu’à Narvik, alors il me restera 434 km pour arriver à Tromso samedi fin d’après-midi, pour me faire gâter par ma fille et Mégane, l’amie qui l’accompagne ! Cette perspective m’anime.
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