Belgique - Cap Nord et retour suite 30
LLN – Cap
Nord Départ :
04/01/2022
J31 Sodankila (Fin) – Rovaniemi (Fin) 03/02/2022
Ce fut une journée « sans » ; sans rien de
particulier, sans rien de grave, sans rien d’extraordinaire.
Hier soir déjà, en insérant le chargeur de mon téléphone,
j’ai fait sauter les plombs ; comme passé 21h ne restent dans l’hôtel que
les rares clients, et que, le lendemain posant la question de savoir quand le
courant pourrait être remis, la préposée au petit-déjeuner me répondit :
« pas avant 13h ». Las.
Un -18°C s’affiche, ce matin ; trop froid pour démarrer
le moteur sans préchauffage de son huile.
Cela m’a pris 45 min, couché afin de prévenir tout incident
fâcheux, avant d’obtenir un carter tiède ; ce petit réchaud à alcool est
trop faible, il faudra que je sorte celui à essence la prochaine fois.
De prochaine fois, peut-être qu’il n’y en aura pas de sitôt
car les prévisions pour les jours prochains annoncent une poussée des
températures jusqu’à – 5/-8°c.
Dès le départ, j’ai froid, je frissonne; si le moteur
chauffe légèrement – autour de 50°C – moi, je n’y arrive pas.
Le décor reste aussi beau qu’hier, mais je le goûte
moins ; je m’engourdis, je le sens. L’engourdissement ne prend pas que mes
membres, il s’insinue dans mon esprit, sape ma volonté.
Celle qui me fait avancer, battre des pieds, remuer les
orteils, tirer les épaules en arrière.
J’ai le réflexe de m’obliger à secouer la tête, fort, et cet
exercice me réveille.
Quelque chose ne tourne pas rond ; après une heure seulement de route, je
m’arrête pour boire un café.
Je m’efforce à sérier les choses, à y mettre de l’ordre. On
a pris 12° positifs depuis hier matin, je suis vêtu comme pour un -30°, il n’y
a pas de vent… pour quelle(s) raison(s) le froid ne me quitte-t-il pas ?
Je repars et un bref sourire m’anime lorsque passent avec
toute la dextérité de leurs petites pattes, deux écureuils au long panache
surfant sur la neige des bas-côtés avant de disparaître dans les taillis.
Le soleil est bien là qui réchauffe les couleurs du paysage,
mais ne dispense de chaleur pour autant.
Je râle sur moi-même pour ne pas avoir suffisamment testé
cet échappement dont l’excès de décibels m’agace, d’avoir renoncé à fabriquer
un carter « hiver » avec des nattes chauffantes alors que j’ai tout
le matériel pour le faire, de n’avoir que brièvement résolu le souci de fuite
de mon décanteur de reniflard qui dégueulasse le cylindre et mon pied… je-suis-de-mau-vais-poil !
Le ron-ron du moteur tournant à 3.000 t/m, la route propre,
la belle lumière apaisent mes sentiments contraires et je décide d’écourter la
journée de roulage ; je m’arrêterai à Rovaniemi et non 100 km’s plus au
sud, à Kemi.
A 14h, j’y suis et trouve un hôtel avec un parking
souterrain ; je serai au chaud, la machine aussi.
C’est une heure plus tard, encore raidi de frissons que je
comprends que j’ai de la fièvre ; pas beaucoup, mais assez pour entamer ma
résistance au froid.
Je vais veiller à récupérer ; on verra après une bonne
nuit de sommeil dans quel état je serai et j’aviserai de la suite.
Les jours « sans » font partie de la vie et du
voyage, il ne peut être question de les celer; je les vois comme des sonnettes
d’alarme, des invitations à marquer un coup d’arrêt avant d’aller plus loin et
de rebattre les cartes, de replacer les choses sur une échelle de valeur, sans
préjugés.
Comme un petit jeté dans le désordre du monde et qui doit y
trouver son chemin.
_________________________________________________________________________________
Commentaires
Enregistrer un commentaire