Belgique - Cap Nord et retour suite 29

LLN – Cap Nord                                                                              Départ : 04/01/2022

 

J30 Karisgasniemi (Fin) – Sodankila (Fin)                                        02/02/2022

Quelle aubaine d’avoir pu garer le side dans leur garage cette nuit, car au matin, le thermomètre affiche -32°C !!

Il est fermé à clé lorsque je m’y rends à 7h30’ pour faire l’appoint d’huile ; j’attendrai le petit-déjeuner de 8h pour demander que l’on m’ouvre le garage.

Sebastian – le prénom du fils du patron – m’accompagnera durant cette intervention, puis insistera pour me donner un coup de main afin de le sortir.

Il prend une courte video de mon départ et promet de me l’envoyer par mail.

La route est…splendide ! Sous ce froid intense et sans vent, elle est bordée de part et d’autre de taillis et d’arbres ne dépassant pas les trois-quatre mètres ; leur ramure ainsi pétrifiée évoque la dentelle, et captant quelques photons, se distingue du sol d’un blanc onctueux et profond, par une sorte de transparence captivante.

La route elle-même décline les blancs et gris, le bleu pâle de la glace.

Je me laisse penser qu’un Edmond Rostand eut magnifié ce spectacle par une tirade fameuse non pour un nez, mais pour une myriade de blancs, que mes pauvres mots ne parviennent à décrire ; c’est un ravissement pour les yeux et les sens.

Je m’attendais à ressentir douloureusement ces -30°c, mais hormis des frissons dans le haut du dos, la carcasse tient bon.

Un élan venant de la gauche, trottine un moment sur la route avant de traverser et de disparaître dans les taillis ; pas effrayé, paisible même.

Un camion me double et je revis cet aveuglement qui dure, qui dure… le seul réflexe salvateur est, non pas de décélérer ou, pire de freiner, mais de jeter un coup d’œil au tracé magenta du GPS pour éviter toute surprise.

Vers midi – la montre sur pile du tableau de bord a cessé de fonctionner ! – j’ai bien avancé ; je m’arrête pour boire un café et avaler un mini-sandwich ; j’ai froid au pied droit en particulier.

Je laisse tourner le moteur au ralenti, reste debout à marcher autour de ma table – on doit me prendre pour un fou – et repars au bout de dix minutes.

Le paysage change ; les grands lacs gelés se succèdent, les sapins dominent les bouleaux.

Au loin, il me semble apercevoir un chien sur le côté de la route ; en m’approchant, je constate qu’il s’agit d’un renne qui restera trotter et à peine, me jettera un œil. Je pensais qu’ils ne se déplaçaient qu’en groupe. J’en croiserai un deuxième quelques km’s plus loin.

Un gyrophare bleu attire mon attention ; il est sur ma bande. Je ralentis et vois des débris: des morceaux de plastic, du verre….un bois d’élan ! Une voiture s’est prise ce mastodonte et est en piteux état ; Je ne vois pas la bête, je suppose qu’elle est au fossé.

Sebastian m’avait dit qu’il y en avait trop et qu’animal protégé, ce problème s’accentuait et provoquait maints accidents. Je n’ose pas imaginer la scène si cela devait m’arriver !

A 90 km de mon étape, on a gagné 10 degrés, mais les orteils du pied droit ne veulent pas réagir aux exercices que je pratique en roulant ; comme il est temps de faire le plein, je m’arrête, m’exécute, laisse tourner le moteur et entre dans un magasin d’alimentation/pompe à carburant/cafétéria.

J’achète un paquet de Colsons – j’ai utilisé ceux que j’avais – et à la caisse demande de me compter un café également ; la caissière/patronne me sourit et répond que le café, elle me l’offre.

Sympa ! Elle me le sert même et ajoute une part de gâteau à la cerise, fait maison ! Vraiment, sympa !

Reprenant la route, il me semble qu’une autre essence d’arbres s’ajoute au couple sapins/bouleaux ; une mélancolie, un air de saule pleureur se dégage de leurs longues branches lestées de neige… .

J’arrive enfin à Sodankila ; j’aurai parcouru 300 Km’s aujourd’hui ; il fait – 18°c.

La gérante est gironde et rieuse ; elle se fout gentiment de moi qui me les suis gelées.

Il faudra un bon quart d’heure pour réanimer mes petons ; puis, je dîne tôt et rejoins ma chambre pour lire et écrire.

Demain, sur les rives du golfe de Botnie, à Kemi, je m’arrêterai.

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PS : Je n’ai pas pris de photos car j’ai dû ranger le téléphone à l’intérieur de mon duvet… trop froid pour le garder dans la combinaison.




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