Belgique - Norvège Nyttarstreffet et Savalen Rally Janvier 2019 Suite 1
Ce vendredi 4, une dizaine d’autres arriveront.
Une toute grande majorité de tipis, plus grands que le
mien ; leur monture est pour la plupart une BMW attelée, de tout âge. Il y
a deux Jawas, trois Guzzi, une Suzuki, une Honda, deux autres 2 temps venus de
l’est. Et, puis un seul Ural, le mien.
En solo, seuls une Suzuki et une mobylette seront de la
partie.
Je passerai vite sur ce qu’ils pensent du Ural… quelques-uns
en ont fait l’expérience avec des anciens modèles d’avant 2000 et fatigués de
les réparer, ils ont renoncé.
Leur regard lorsque je leur explique que ce n’est plus
pareil depuis, oscille entre celui que l’on accorde au poivrot qui jure ses
grands dieux qu’il ne boira plus jamais, et celui compatissant dédié à celui
qui marche vers l’échafaud.
Bon, ils n’en reviennent pas; non pas qu’un belge soit venu
bien que cela leur en embouche un coin, mais bien que j’aie trouvé
l’endroit !
D’abord, ce qui les intéresse est de savoir comment j’ai
trouvé l’existence de leur hivernale car à leurs yeux, elle tellement
confidentielle qu’ils sont surpris d’apprendre qu’une simple recherche sur
internet alignant les trois mots « voyage moto Norvège » mène jusqu’à
eux.
Ensuite, j’avais récupéré les coordonnées du site car tant
Google Maps que mon GPS ne trouvaient de « Trollsvann ».
Las, arrivé à Andebu – dernier village connu – les
coordonnées que j’avais comprenaient 8 chiffres après le N de la latitude et le
E de la longitude ; j’eu beau parcourir tous les formats de coordonnées
qu’acceptent mon GPS, aucun n’acceptait ce que je tentai de lui faire
mouliner !!
En désespoir de cause, ayant lu en Belgique que sur certains
formats le dernier chiffre correspond à l’altitude – mais, alors pourquoi un
dernier chiffre différent entre la latitude et la longitude, car, logiquement, une
altitude de 1000 M reste 1000 M que l’on regarde ce sommet sur une ligne de
latitude ou de longitude…, non ? – je supprimai sauvagement ce dernier
chiffre sur les deux données et, miracle !!, le GPS m’afficha un point
dont le trajet me sembla assez cohérent avec ce que je savais du site.
15 km m’en séparent que mon fier destrier avale en 20
petites minutes ; les routes sont couvertes de verglas ou de neige, et
sans pneus cloutés, chaque virage, chaque remise des gaz se prend en dérapage.
C’est fun, mais cela demande une attention de tous les instants.
Les cinq derniers km’s se frayent un chemin dans les
bois ; je ne doute pas d’être sur le bon chemin car je dépasse deux petits
panneaux affichant un rouge MC – moto club dans toutes les langues, me
dis-je – avant de terminer par une côte débouchant sur une clairière au
milieu de laquelle trône un tipi à côté d’un side, hourra !!
Ils se marrent un bon coup, mais me feront beaucoup
d’honneurs ensuite ; ils sont bien sympa, tous.
La moyenne d’âge est jeune, la soixantaine, quoi. Deux,
trois gamins de moins de quarante ans, et trois femmes qui accompagnent
courageusement leur doux fêlé de pilote, complètent le tableau.
Au total – la plupart arriveront le samedi – nous serons une
vingtaine de tentes.
Les traditions commencent…comme les nôtres, par la
découverte de la culture au travers des recettes de boissons diverses. Toutes
sont présentées comme étant des décoctions de plantes, l’alcool qu’elles
contiennent s’y trouvant uniquement, bien sûr, pour une question de
conservation !
La reine des boissons offertes est l’Aqvavit, aromatisé ou non.
Les Danois prétendront que le vrai Aqvavit est…danois et que
celui que l’on trouve en Norvège n’est qu’une liqueur pour femme ; les
Norvégiens vous diront que l’Aqvavit danois est un infâme tord-boyaux juste bon
à alimenter leur brûleur de cuisine.
La mauvaise foi débonnaire du motard est décidément
universelle !!
Ensuite, ce sont les feux d’artifices tirés à la
queue-leu-leu ; beau spectacle quand même que celui de ces éclats de
couleur se mêlant aux étoiles du firmament. Faut pas grand-chose pour retrouver
ses yeux d’enfant.
Enfin, un grand feu autour duquel tout le monde vient boire
un coup et refaire le monde jusque tard dans la nuit qui givre tout, mais ne
peut rien contre la chaleur humaine, contre les discours parfois hésitant dans
l’anglais imparfait de ceux qui veulent converser avec celui qui vient
« d’ailleurs ».
La journée du samedi, je la passerai à cuisiner, couper du
bois – ce soir, je monte et allume mon poêle !! – et à me promener dans
les bois qui nous entourent.
On ne sait trop si ce sont les bois qui sont parsemés de
lacs ou les lacs qui sont séparés par quelques touffes d’arbres, tant il y en a
des pièces d’eau !!
Je marcherai ainsi une bonne heure dans un sens, et autant
pour revenir, ayant fait demi-tour après avoir croisé des empreintes de pattes à
cinq doigts griffues… sans que des pas d’homme ne soient visibles. Un
lynx ? Bon, on ne va importuner les gargouillis de son ventre vide, et
puis, il est assez tard comme ça, la nuit tombant tôt sous ces latitudes.
La soirée est animée ! On vient me chercher
« belgian », « belgian, stop work and come ! » ;
j’interrompt donc mes sciages de bois, et suit celui qui me héla ainsi.
Autour d’une table garnie de gâteaux, et de petits verre
remplis de gin et lestés d’un morceau de cœur d’élan – cru, le cœur – ils sont
tous là et celui qui est à l’origine du Nyttarstreffet, rappelle que cela vingt
ans déjà qu’ils s’y retrouvent et que pour l’occasion, il a fait éditer des
médailles, qu’il passe autour des cous – il commence par moi qui viens de si
loin ! – offrant du même coup un verre et un morceau de gâteau.
Toute cette cérémonie bon-enfant se termine bien sûr par un
feu d’artifice somptueux !!
Re-feu central, re-découverte d’autres vins chauds,
déclinaisons de Jaegertee et autres spécialités norvégiennes, re-fondement du
monde et autres histoires d’anciens
motards.
Dimanche, c’est jour de démontage général; il a fait bien
froid cette nuit, un givre d’un demi-centimètre couvre tout.
Mon poële a rempli son œuvre et m’a permis de rentrer dans
un sleepping chaud ; je le laisse s’éteindre bien sûr car il est trop
dangereux de dormir avec toutes les matières inflammables qui m’équipent, et
même si je laisse un coin de ma tente ouvert, il ne faut pas négliger la
consommation d’O² et l’éventuel CO dégagé.
J’apprendrai que l’on doit se servir de piquets de tente
LISSES lorsqu’on les plante dans un sol au soubassement de pierres qui va
geler ; j’ai passé une heure à retirer huit piquets crénelés !!
A midi, tout est emballé, fixé sur le side ; j’attends
mes deux père et fils qui m’ont offert de me servir de leur garage pour que je
puisse effectuer mes trois vidanges moteur/boîte/pont.
Je mettrai plus d’une heure pour ce faire car l’huile était
figée par le froid et coulait avec peine par les petits orifices de
remplissage.
Ensuite, je pris congé, rentrai « Tynset » dans
mon GPS qui m’indiqua la suite de la route ainsi que les 553 km qui me séparent
du rendez-vous suivant, le Savalen Rally que je dois rejoindre au plus tard le
mercredi 09.
A piece of cake, quoi ! Je vais pouvoir flâner, prendre
le temps pour regarder les paysages, me lever un peu plus tard – à 7h au lieu
de 6h -, manger à mon aise en lisant.
Adieu Nyttar, j’arrive Savalen !!
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