LLN-Afrique

17/11/2024 :  Fès – Midelt 215 km

Le réceptionniste de l’hôtel m’avait hier demandé si tout se passait bien et, puisqu’il posait la question, je lui répondis que oui à l’exception du petit-déjeuner vraiment pas à la hauteur.

Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et ce matin, j’ai été gâté !

Comme quoi, faut pas hésiter à dire les choses ; tout est dans la manière, le ton.

Ma Esim ne fonctionne pas et je vais donc en acheter une locale car n’avoir aucune liaison lorsqu’on voyage seul, n’est pas confortable.

Airalo m’a proposé de me rembourser, ce que j’ai accepté bien entendu.

Au contrôle quotidien d’usage – mise à niveau de l’huile moteur – j’ajoute dorénavant une vérification de la boulonnerie, question de ne pas jalonner mon parcours de divers ustensiles et équipements. Rien à signaler, ce qui me surprend quand même après le « shaker » d’hier.

J’aimerais bien refixer convenablement le support de transport du treuil et demande donc alentours si l’on peut m’indiquer un ferronnier ; nenni, c’est dimanche, me répond-t-on.

Tiens, je pensais me souvenir que dans les pays musulmans, le jour « saint » est le samedi… .

Il est 10h20’ lorsque je prends la route ; sortir de la ville m’a pris du temps car je suis tombé un jour de marathon, entraînant des fermetures de voiries et donc, autant de détours dans lesquels tous les automobilistes s’engouffrent.

Le ciel est clair, il fait 25°C.

Jusqu’à Ifrane, la route est monotone ; une nationale en bon état, des longues lignes droites. Seul le fort vent de face vient perturber le confort de roulage et cela tire sur les bras afin de garder le side en ligne.

Etonnant, Ifrane ! on dirait un quartier cossu suisse ; tout est nickel, de larges trottoirs en dur, des allées bordées d’arbres entretenus, des maisons au style tout à fait européen.

C’est déjà le moyen Atlas, au vent de face, les montées ajoutent à l’effort que doit produire le moteur et j’ai de la peine à garder la quatrième engagée. Faut dire que l’attelage présente un CX d’armoire normande !

Les forêts de conifères et de cèdres encadrent le bitume et la température descend doucement.

Vers midi trente, j’arrive à Timahdite ; petite ville de campagne – rien à voir avec Ifrane ! – quand du coin de l’œil, je perçois un arc ! Qui dit arc, dit soudage, dit pièces d’acier !

Hop, demi-tour, je vais faire mes deux plats pour rendre à mon support de treuil toute sa solidité.

Rafik * travaille seul et parle un peu français ; assez pour comprendre ce que je lui demande, croquis à l’appui. (Deux plats de 8cm de long, sur 2,5 de large et 3mm d’épaisseur, forés en leur milieu d’un orifice de 8mm de diamètre)

On cherche à deux dans toutes ses chutes, ce qui pourrait convenir ; bon ce sera 4mm d’épaisseur et 4cm de large, mais je m’en accommoderai fort bien.

Ses outils sont rudimentaires mais font l’affaire pour quelque chose d’aussi simple.

Dix minutes suffisent et je m’attaque au démontage/remontage avec mes outils ; je suis assez bien équipé ! J’ai même des vis et écrous de rechange en plusieurs diamètres.

Alors que j’avais quasi terminé, Rafik avec qui j’avais jusque là échangé vingt mots, me dit qu’il part manger, et m’indique le savon et le robinet afin que je puisse me laver les mains mon « œuvre » terminée.

Ok, je le remercie encore en français et en arabe… mais, ici, je pense qu’ils parlent plutôt berbère. Pas de chance, mon « choukran » n’a pas dû lui plaire plus que ça.

Mais, il se ravise et me hèle ; il veut que je vienne manger avec lui.

- Ah, ok. Lui-répondis-je. J’avais faim aussi.

- On va où ?

- A la maison, ma femme a préparé du cousous.

Et, en voiture Simone ! Cinq minutes plus tard, nous voilà arrivés dans un quartier construit sans plan, ou tout s’imbrique sans autre logique que celle d’utiliser les M² restés libres.

Les poules disputent l’espace aux sacs et vidanges en plastic, et aux débris de construction.

C’est une femme toute rougeaude et souriante qui m’accueille avec un « bonjour » franc, et me conduit dans une petite pièce sans fenêtre, bordée sur trois côtés de bancs occupés par six femmes et jeunes filles, plus un jeune garçon – le fils de Rafik – tout ce petit monde de très bonne humeur. Un plat au centre, qui se sert de ses doigts, qui d’une cuillère.

La conversation se fait sans moi, car hormis Rafik, personne ne parle français ; mais, c’est animé, drôle manifestement. Toutes m’encouragent à manger encore et encore !

On termine le plat, et il est temps de retourner au travail pour Rafik, à mon destrier pour moi. Encore des remerciements, une photo de lui devant son atelier et, en route ! Il est déjà 15h !

Le paysage change encore ; plus désertique, plus minéral, comme un air de plaine d’Arizona avec des mesas au loin. C’est le pays des troupeaux de moutons et des chiens qui les mènent. Deux averses de grêle, courtes et intenses cassent le beau temps de la journée, le vent est toujours bien présent.

17h30’, je décide de m’arrêter à Midelt et cherche un hôtel sur Google – quel outil ! – bon marché, avec un parking privé que j’identifie rapidement : l’ Hôtel Safari Week end !! (sic)

Sans chichi, je bénéficie d’un lit, d’une sdb et du parking pour 250Mad, petit-déjeuner compris.

Je trouve un petit resto à dix minutes à pied le » X-Laz » - ils choisissent de ces noms ici ?! – dont je suis le seul client ; un tajine de viande avalé, je rentre, et me penche sur ma carte et Google Maps pour me tracer la route de demain.

Il devrait faire beau, dit la météo !

*Je ne suis ni sûr d’avoir bien compris son prénom et encore moins sûr de l’orthographe de celui-ci ; qu’il me pardonne !









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