LLN – Afrique 22/11/2024

Tazzarine ->Agdz->Tazenakht->Taliouine-> Igherm  377km

Petit-déjeuner durement négocié à 8h ; je suis le seul client de l’hôtel… .

A 9h15’, je reprends la route, il fait 12 °C, le ciel est limpide !

Seul hébergement avant 250 km’s, quelle blague ! Je n’ai pas roulé 20km, que je croise moult auberges, hôtels, gîtes ! Comme quoi, si Internet est un magnifique outil, ce n’est pas la Bible non plus ; ou alors, et c’est bien possible, c’est moi qui ne sais pas où chercher.

La route est bonne, le paysage montagneux, un brin monotone car les couleurs sont peu variées ; de l’ocre, du roux, quelques pointent d’un vert sale.

Trois KTM me dépassent, l’un d’eux me filme en roulant, puis, ils disparaissent au loin.

Je les retrouverai vers midi à Tazenakht ; ce sont trois français dans la cinquantaine qui sont venus crapahuter dans l’Atlas pendant quatre jours avec des motos de location ; là, nos routes vont se séparer car ils rentrent sur Marrakech avant de prendre l’avion du retour en France ; on taille une causette, on mange et puis, chacun s’en va de son côté.

Si la matinée fut sans surprise, la suite ne sera pas du même tonneau… .

Je m’étonne de ne plus croiser aucun véhicule, si ce n’est quelques rares petites motos ; je vais rapidement en comprendre le pourquoi.

En effet, je prends la direction de Taliouine qui s’enfonce dans une gorge assez étroite et surmontée de chaque côte d’un mur de roche ; la route serpente et croise des dizaines de fois un oued, à sec. Mais, sec, il ne l’a pas été fin septembre !

A chaque croisement avec l’oued, c’est le désastre, tout fut arraché et c’est spectaculaire de voir ces masses de béton, déchirées, dont les fragments épars jonchent le lit de l’oued ; donc, de route, il n’y en a plus, je dois rouler dans le lit sur des distances entre 20 et 150 mètres.

Ca secoue ! j’avance là-dedans à du 5km/h en première et je pressens déjà que mon arrivée à Igherm sera tardive ; au début de cette galère, je ne pensais pas que tous les 400 M, ce serait rebelotte pour un petit tour dans le fond de ce qui fut un torrent dévastateur et je n’ai pas trop le temps d’admirer le décor qui cependant, est majestueux.

A trois reprises, je me suis arrêté pour vérifier que rien ne se fait la malle tant l’attelage et son pilote se font secouer ; seul, le berceau de transport du treuil nécessite que j’ajoute deux sangles pour qu’il fasse son office.

J’en prends pour 50 km de ce régime, ensuite, je sors doucement de la gorge pour gravir un col ; si les conditions de roulage s’avèrent moins épiques, on est loin d’une route en bon état, car je comprends vite que celle-ci s’est transformée en rivière lors de ces fameuses pluies ; la route a perdu sa moitié avale et je dois slalomer entre le gravas, monticules de terre et branchages divers. Je n’avance pas.

Dès 16h, je décide de m’arrêter dès un hébergement identifié ; mais, cela n’arrivera pas, ce ne sont que des hameaux que je croise.

Je suis arrivé vers 18h15’, à la tombée du jour, à Igherm juchée à 1.300m d’altitude.

Je m’informe et l’on m’indique un hôtel près du centre ; il borde un café-restaurant, son entrée est lugubre. La réception est au premier ; un homme qui a du mal à s’exprimer dort sur une banquette, c’est le réceptionniste… .

Il m’emmène au deuxième ; au centre, c’est à ciel ouvert, les chambres entourant cette ouverture vers le ciel.

Tout est sale, le sol, le petit lavabo, les murs…seuls, me semble-t-il, le drap et la taie d’oreiller, ont l’air propre ; point de couette ou de drap supérieur, une couverture en laine termine l’équipement du lit dont le sommier grince, bien sûr.

Pas de douche, un WC turc sur le palier et pour achever la présentation, ce brave homme m’indique qu’il n’y a pas d’eau ! Pas d’internet, non plus.

Je ne fais pas le difficile, je suis un peu fatigué ; ne serait-ce le froid de la nuit, j’aurais été mieux dans ma tente. Mais, où la monter dans ce chaos ?!

Alors, que je lisais comme tous les soirs – j’ai commencé « Au-delà du fleuve et sous les arbres » du même E. Hemingway -, on frappe à ma porte et je découvre le réceptionniste agité qui me fait comprendre que je ne peux laisser mon side devant l’hôtel, car, me dit-il, ce n’est pas sûr.

Ce gars est, en fait, serviable et prévenant, ce que je n’ai pas perçu tout de suite à cause de sa difficulté à parler qui rend son expression un rien brutale.

Je m’habille et descends ; il m’explique que les jeunes, la nuit, volent et que je dois déplacer mon attelage vers un endroit avec gardien, en face d’une pompe à essence, sur un parking pour taxis, sécurisé.

Il appelle ledit gardien, ça cause, ça s’énerve ; moi, bien sûr, je ne comprends rien à ce sabir.

S’en vint un troisième larron, Driss, qui parle fort bien français et joue le traducteur ; in fine, on déplace le side de 600m, et je conclus avec le gardien que pour 20 Mad, il le gardera cette nuit.

Driss m’invite à boire un thé, on cause de nos métiers, de ce qu’il fait là, de mon voyage.

La nuit fut calme, le réveil matinal ; cette fois, je peux petit-déjeuner à 7h30’, et une heure plus tôt je suis levé – lavé ? non ! - vais rechercher la machine ; je fais le niveau d’huile, casse le cadenas que j’ai oublié d’enlever !!, la charge et suis devant la porte du resto avant même qu’il ouvre, prêt à partir dès que j’aurai mangé.

Je prendrai la direction de la côte atlantique, vers El Ouatia.

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                               Le dessin des montagnes est particulièrement stratifié dans l'Atlas.




                                                          Je roule dans le lit de l'oued
                                                            La route coupée est visible 
                                                Je sors de l'oued pour rejoindre la route
                                                        Encore un petit tour!






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