LLN –
Afrique
09/01/2025 Nouadibou (Mau)
Au
petit-déjeuner à 7h, j’avais déjà décidé de ne pas rouler aujourd’hui ; je
me sentais fatigué, je voulais réorganiser le contenu de mes bagages pour tenir
compte du changement de « climat » ; je veux dire par là que la
Mauritanie si ce n’est pas encore l’Afrique sub-saharienne, ce n’est plus l’Afrique
du Nord non plus.
Il fait
chaud, il est temps de tenir compte des moustiques – donc, chemise à manches
longues -, il est hautement recommandé d’adapter ma manière de conduire, d’appréhender
la route et ma conduite car les nids de poules sont légion, les véhicules dans
un état lamentable, les feux…tout le monde s’en fout et ne remplissent qu’un rôle
décoratif.
Hier, ce n’est
pas tant l’effort physique ou la conduite – à peine plus de cinquante km – qui m’ont
fatigué, bien sûr, mais de rester calme et constructif, de chercher des
solutions, d’expliquer aux autres plus ou moins capables, d'attendre, d'attendre
sans savoir si « de l’autre côté » on a reçu le dossier, s’il
est validé en dépit d’un message laconique et électronique, sans manger, sans
avoir eu le temps de changer des devises, le tout sous 35°C, ça m’a usé, moi
qui ne suis pas de nature patiente !
J’ai vu sur
internet tout un article consacré au blocage de la frontière Maroc-Mauritanie,
hier.
J’ai prévenu
Diana et Antonio que je ne les rejoindrais pas aujourd’hui expliquant que j’avais
besoin de repos ; ils sont tellement prévenant à mon égard ! On se
connait à peine et, pourtant, ils veillent sur moi, véritablement. Diana ne me laisse
pas sans nouvelle ou sans en demander ; après avoir lu mon message disant
que je ne viendrais pas aujourd’hui, elle m’a adressé un message vocal inquiet,
disant que si je ne me sentais pas bien, ils viendraient me chercher, que s’il
fallait une ambulance, elle s’en chargerait… qu’ils m’emmèneraient à Dakar dans
un bon hôpital… .
Et, je vous
le sers, j’ai pleuré.
Cela m’a
surpris, mais c’est ainsi.
Ces quelques
larmes, confirment trois choses ; la première, mais ce n’est pas une
révélation, est que je suis un grand émotif, la deuxième est que je suis effectivement
fatigué, la troisième est que je ne me souviens pas que l’on se soit soucié de
moi de cette manière ; pas comme une épouse, pas comme une fille ou un
fils, pas comme une sœur, mais comme une mère telle que je n’en ai pas eue,
avec tout ce que cela comporte d’excès, de sollicitude, de chaleur dans la voix,
de générosité gratuite.
Ses mots,
son ton m’ont cueilli.
Je profite
de cette journée « off », pour tirer quelques billets au distributeur,
me rendre dans une pharmacie question de soulager au mieux mon mal aux fesses,
refaire ma réserve d’eau, défaire et réorganiser mes bagages, resserrer quelques
écrous de porte-bagages.
En cherchant
une pharmacie et un distributeur de billets, j’ai interrogé quelques personnes
qui m’indiquant la voie à suivre, achevaient systématiquement leur conseil par
un « vous prenez un taxi » ; or, à peine quelques centaines de
mètres me séparaient du but.
C’est très
africain ça, je m’explique.
Par axiome,
un blanc, c’est riche et aller à pied, c’est vraiment réservé aux plus pauvres,
donc un blanc, ça se déplace en voiture. Ce n’est pas la première fois que cela
m’apparait, mais j’avais oublié. Je n’ai pas pris de taxi.
Ce que je
vois de Nouadibou n’est pas affriolant ; routes sales et ensablées, trafic
incessant et – très ! – indiscipliné ; c’est une ville consacrée à la
pêche et à son industrie accompagnée d’une foule de tout petits commerces, la
mendicité est partout.
En contrepartie,
ce qui réconcilie avec cette ville est la gentillesse des personnes
rencontrées, voilées ou pas, avec des têtes de voyous, vêtues de haillons ou en
sportwear à la mode.
Au resto de
l’hôtel – peu fréquenté -, le garçon originaire du Sénégal voisin, me gâte ;
il m’offre un jus de bissap, puis un jus de baobab et ne compte pas la banane
que je prends en dessert.
Encore une
bonne nuit de sommeil et je serai d’attaque pour reprendre la route !
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Coucou Pierre,
RépondreSupprimerDécidément ce voyage n'a pas l'air d'être de tout repos :D Papa et moi visitons le blog tous les jours pour suivre tes aventures et nous avons hâte de connaître la suite mais continue de bien t'écouter et te reposer les jours de fatigue. Bonne route ;)
Quelle aventure et quelle expérience de relations humaines et finalement aussi d’introspection. Ah les voyages ! celui que as entrepris est magistral . Bises du Cambodge. Julie
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